Je quitte cette espèce de sol moisi, et me remet sur mes pieds. Je ne sais pas qui est occupé de l'entretien par ici, mais je crois que sa définition du mot "propre" nécessite une sérieuse révision...
Une fois que je me suis remis de mes émotions, mon esprit, fidèle à lui même, se met à penser à toute vitesse. Qui ? Il n'y a que moi, et une porte qui claque dans le fond. Rassurant. Quoi ? Je viens de me réveiller dans un endroit que je ne connais pas, et que je n'ai jamais vu. Et... attendez. Ce truc sous mes pieds, c'est du parquet ? Qui met du parquet dans ses sanitaires en France ?! Ou ? Euh... excellente question. Je suis dans des toilettes. Pour sûr. Des toilettes qui n'ont pas vu de nettoyage depuis un moment. Ou d'utilisateur. Ce qui est pour le mieux. Comment ? Je ne me rappelle de rien. Et... pourquoi ? Autre question tout aussi insoluble.

Les toilettes... il n'y a que des cabinets. C'est comme ça aussi en France, je crois. C'est donc à ça que ressemblent les toilettes des filles... ? Eh beh, moi qui les pensais plus axées nettoyage...
Euh... blague macho pourrie à part. Mauvais Stan'. Elle ne m'empêche pas d'esquisser un léger sourire en dépit de la situation étrange dans laquelle je suis plongé. Si je me révelle dans les toilettes des filles, j'ai dû me faire un bad trip terrible impliquant probablement une ou deux top models déchaînées...

Sortant de mes pensées tordues (mais ô combien rassurantes), je me dirige vers la porte des toilettes. Celle qui claque.

Au final, j'aurai beau y réflechir, je ne pense pas découvrir ce qui m'a plongé dans cette situation. Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien, aurait dit Socrate dans un contexte tout autre...

Musique ~ Click Here !
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C'est ainsi que, insouciant, le jeune français se dirige vers l'étrange porte des toilettes. Alors qu'il s'arrête devant, hésitant à ouvrir, la porte s'ouvre d'un coup en grand fracas. 

Une fille. Pendue. Juste devant Stanislas. Son air asiatique et ses cheveux blonds lui font imaginer que ce devait être une jolie fille, avant qu'elle décide d'en finir. La corde fait une telle pression sur le cou de la jeune fille d'environ 13 ans que c'en est presque insoutenable à la vue. Ses yeux écarquillés d'horreur et sa bouche grande ouverte pleine de sang et de salive sont un spectacle que même les pires cauchemars ne sauraient retranscrire.

Alors que Stanislas pense que c'est terminé, il se rend compte que l'étudiante n'est pas morte. Elle tente péniblement de lever les bras, et ses pieds cherchent un appui au sol, désespérés. Son visage blanc laissent présager que c'était bientôt la fin, mais les gargouillis qu'elle prononcent suggèrent qu'il n'est pas encore trop tard pour la sauver. Ce serait difficile, mais pas impossible. Malheureusement aller cherche de l'aide est toujours inenvisageable puisque la porte de la pièce reste définitivement close.

[STANISLAS PREND 10 POINTS DE DARKENING POUR LA VISION DE LA JEUNE FILLE PENDUE]


(Tu disposes d'un tour pour sauver la jeune fille. Fais bien attention à tes choix...)

J'allais établir la liste des folies que j'aurais pu faire de mon corps pendant ce prétendu bad trip quand un nouveau claquement sonore de la porte me ramène à la réalité. C'est décidément pas n'importe quelle porte qui déconne qui ferait ça. J'essaie d'ouvrir toutes les autres par simple acquis de conscience pour comprendre qu'elles sont comme... décoratives. Le système d'exploitation Stanislas étant en marche pour de bon après ce réveil, je me mets à penser aux bonnes choses, cette fois.

La première affirmation qui me vient à l'esprit, c'est que j'ai des ennuis. Cette situation se suffit en elle-même pour le confirmer je suppose, et mes nerfs d'acier me permettent de tenir le choc. Je crois que je ferais une crise de panique sans ça. Mais force est de constater que je n'en ai sûrement pas le temps. Je dois être fort. Cette situation a sûrement une explication rationelle et ne devrait pas durer de toute façon.

Nouveau claquement, seconde affirmation, je ne connais pas cet endroit. Et si je me moquais du sol auparavant, je n'ai rien dit sur l'état des murs et des objets. Ou sur cette épaisse couche de poussière. C'est comme su ce genre d'endroit était désaffecté depuis dix ans ! Et je ne connais pas d'endroit de ce genre en France. Surtout pas avec du parquet dans les toilettes. La question est donc de comprendre ou je pourrais bien être, si ce que je vis est bien réel et, bien sûr, si je suis seul. Bref, un rapport détaillé sur la situation.

J'ouvre la porte du cabinet.

Troisième affirmation, et je la vois. Je pousse une exclamation de stupeur, et je pense à une vitesse incroyable. PAR LES ANNEAUX DE KUAT, cette fille est en train d'être pendue ? Ou était ?! Le choc me démolirait presque. Cette gamine a pas quinze ans, et elle s'inflige déjà une horreur pareille ?! Pourquoi le ferait-elle ?! Je dois la descendre ! Immédiatement ! Le fait est que je n'ai jamais sauvé de personnes sur le point de se pendre ! Je suis bien né 500 ans trop tard pour ça !

Mais je dois réagir. Elle lâche d'horribles grognements. Des gargouillis. Et je ne serais pas Stanislas si je serais resté là à regarder. Sa nuque va lâcher d'un instant à l'autre. Et quelle horrible vision ! Son cou... la cordre de chanvre... le ronge presque ! Elle souffre, bon sang ! Cette pensée est le dernier coup de fouet dont j'avais besoin pour me mettre à l'action. J'ai déjà un plan approximatif en trois secondes. Je me précipite vers elle. La priorité absolue, c'est de réduire complétement le mou de la corde, autrement je ne ferais qu'augmenter significativement ses souffrances tout en échouant à la détacher ! Je ne suis pas bon en noeud, mais je crois savoir que le noeud coulant communément utilisé pour la pendaison est justement si redoutable parce qu'il ne peut pas être défait s'il n'y a pas de mou. C'est pour cela que les personnages supposés se faire pendre sont montés sur ces sortes de plate-forme : on peut y échapper si la nuque ne s'est pas disloquée en un coup. Et s'il y a assez de sang dans le cerveau après ça pour réfléchir.

Je me rue vers elle, et agilement, m'accroupis et me place de manière à ce que ses petites jambes se retrouvent au niveau de mes épaules. Puis je me relève. Je constate que ses cuisses touchent le haut de mon dos voûté. Je maintiens fermement ses jambes, et me plaque contre le mur pour diminuer ses chances de tomber. Ce serait quand même pas de chance. Mes mains cherchent tant bien que mal au niveau de son cou. Cette corde... elle doit dégager ! Et sans mou, elle ne fera pas long feu.

- Respire un bon coup, ma grande. Ça va aller ! Tiens bon ! Je lui crie à moitié.

L'adrénaline me donne des difficultés à me concentrer. Mon coeur bat comme jamais. Et je donne tout ce que j'ai pour faire ce pourquoi j'ai toujours voulu exister. Sauver une vie. Je me suis toujours vu le faire dans des situations qui feraient de moi un héros aux yeux de tous. Me prendre une balle pour sauver le plus grand nombre. Risquer ma vie et partir en bouc émissaire pour la sécurité de tous. Je n'aurais jamais cru sauver quelqu'une d'une fin aussi abominable. Mes pensées vont immédiatement aux traces que j'ai retrouvées dans le cou de mon amie d'enfance, il y a trois ans.
Elle aussi avait envisagé de laisser tomber ses problèmes. De finir la vie en mode facile.

C'est pas comme ça que ça marche... Et parce que ce sont mes convictions, j'y arriverai ! À coeur vaillant, rien d'impossible !

Aouch ! Splendide crochet du droit, Stanislas est punched-out ! Mike Tyson lui-même n'aurait pas fait mieux, ahah ! Petite peste.

Je me masse la machoîre, quel coup formidable ! Et elle a pas quinze ans ! Je veux pas être le sale petit con qui lui cherche des noises dans la cour de récréation, tiens. Mais... bon sang, qu'est-ce qui lui a pris ? Je peux pas faire peur à ce point, si ? C'est peut-être l'effet chemise qui est contre productif. Ou j'en sais rien. Je réalise un instant plus tard que c'est grâce à moi, et à moi seul, que cette fille gambade encore dans la nature. Moi, Stanislas Letac, ai officiellement sauvé une vie !
L'effet est grisant les premières minutes. Mais les images reviennent ensuite. Et ces images... je crois que je préférerais me faire une intégrale de Five Nights at Freddy's de nuit, que de les revoir. Et même sans pouvoir le confirmer, je sais déjà que je revivrai cette scène des centaines de fois dans mes pires cauchemars.

Elle vit. Point final, think positive, l'ami Stani' ! Mais je me demande quand même ce qui a pu la faire réagir de la sorte. Plus sérieusement... j'ai vu en elle énormément de peur. C'est normal, elle a échappé de peu à la mort. Mais... je l'ai un peu sauvé tout de même ! C'aurait pu faire de moi une figure rassurante au lieu d'un punching-ball déguisé en geek...

Je soupire. Je n'ai plus bien mal de toute manière quand je quitte les toilettes des filles, sans la moindre intention d'y retourner... pour une fois.

Bon sang.

C'est à croire que PARTOUT ou vous mettez les pieds, quelqu'un a renversé son soda ou je ne sais quelle autre immondice sucrée. Mes pieds collent sur le sol, je déteste ça, bon sang !
Et l'odeur... bon sang, mais ou est-ce que je suis encore ? Il y a forcément une explication aussi logique que rationnelle à ce qui m'arrive. Il m'incombe de la trouver. Plus j'en sais, mieux c'est. Mais... pouah !
J'ai respiré des odeurs abominables dans ma vie. Mais celle-ci entre sans conteste dans le top 5 de celles que je ne veux plus jamais recroiser de toute ma vie.
Et je tombe nez à nez avec le fautif.

Je reste bouche bée. Ce mec a pas renversé que du soda. Il a littéralement repeint le parquet à son goût ? Sa position me fait penser à une personne en éternelle repentance. Ma tête tourne, je vacille, je dois regarder autre part au moins l'espace d'un instant. C'est aussi le genre d'image qui ne sortira jamais plus de ma tête. J'ai l'impression d'être plongé dans un gigantesque rêve. Un jeu vidéo, peut-être même. Dans ces univers factices, mon esprit aurait enduré la vision de pixels représentant un... un mort ! Mais là... c'est on ne peut plus réel. Jusque là, tout ce que je vis me semble cohérent. Cohérent, certes... mais dans le WTF absolu. Je ne serais donc pas en train de vivre un de ces rêves surréalistes.

Je suis là. Et nulle part ailleurs. C'est tout ce que je dois savoir.

J'inspire un bon coup. Par la bouche, le nez me promettrait un vomissement, je me connais. Et je me retourne vers mon ami odorant. Mon regard se pose sur le couteau dans le ventre. Idéalement placé. Il a eu affaire â un fou au couteau.
... mais il l'aurait repris, au moins pour dissimuler l'arme du crime, non ?

Je reformule ma théorie. Encore. Encore et encore. Mais la seule solution qui s'impose à moi, c'est celle du suicide. Ce qui explique la trajectoire du couteau, qui me semble faire une plaie montante, sa position parfaite, et la position qu'il a pris et maintenant dans la mort. Il a fait en sorte de se one shooter au couteau.
Euh... du bon travail. Si j'ose dire. Il a transformé le couloir en une véritable mare aux canards, sauce Vendredi 13.

Je récupère ensuite ce qui me semble être une carte étudiant. Et je manque de m'étrangler de stupeur. Ça doit être... de l'Elfique ancien ou de l'Arcanique Daedrique si je ne m'abuse...
À moins que ça ne soient des kanjis ? Vous savez, ces gribouillages qui n'ont de sens que pour les Asiatiques ? Heureusement, quiconque ait imprimé cette carte a eu la bonne idée d'ajouter du cyrillique pour les mentions les plus importantes.
Des fois qu'un Français un peu con sur les bords viendrait à la trouver au milieu du bain de sang laissé par son possesseur au beau milieu d'un endroit inconnu.

Très prudents, ces Jaunes. C'est tout à leur honneur. Je ne devrais peut-être pas avoir ce genre de réflexion. Bref. Le fait est que je suis en présence de Sada Toshino. Ou euh... de ce qu'il en reste. 
Et tu relativises d'une manière toujours aussi détestable au milieu de cette galère sans nom, Stan' ?
Ce qui officialise ce que je craignais. Je ne suis pas en France. Ni même en Europe. Mais je me suis débrouillé pour me ficher en Asie. L'accueil est glacial en tout cas. On euh... ne m'y reprendra pas. Le bol de nouilles est quelque part sûrement ? Les baguettes ? Les sushis-shop ? Même des nems ?!

Bon sang. L'Asie. Et je fume pas plus que je ne bois. Les copains vont me faire une de ces têtes quand je leur raconterai. Pour l'heure, je tente de m'emparer du couteau. Je n'aime pas ça, mais je crois que je pourrais en avoir plus besoin que lui dans les heures qui viennent.
Et ça ne sera pas pour refaire un sol, moi.

La question se pose tout de même, aussi glaçante qu'elle puisse être. Qu'est-ce qu'ils ont tous ?! Une gamine qui a failli mourir pendue... un autre qui a jeté l'éponge sur sa vie... comment est-ce qu'ils ont pu vouloir tout jeter par la fenêtre comme ça ?

Je dois en savoir plus. Mais je sais qu'au fond de moi, j'ai d'horriblement graves problèmes. Le couteau en main (ou pas ?), je vais droit en avant et dévale les escaliers.