Je sens le sens qui se dérobe sous mes pueds. Encore. Et cette horrible sensation de non-être. De retourner à la poussière dont je suis fait. A moins que ce ne soit de m**** de chien trouvée au hasard par notre Créateur dans quelque caniveau, ou...
Ou j'en sais foutre rien, écoutez.

Quand ce cauchemar s'arrête enfin, tout ce que j'ai envie de faire, c'est de rendre le peu de choses que je peux encore avoir dans l'estomac. J'ai l'impression que ça fait des heures. Et j'ai déjà vu- et fait- des choses horribles. Je ne pourrai jamais vivre normalement avec les images de mes actes dans la tête. A mes yeux, je ne vaux plus rien. Mais est-ce que j'ai déjà été valeureux à mes propres yeux ? Non.
Ce n'est que devant les autres que j'ai l'impression de pouvoir vivre. Devant Akimo. Devant Chikamasa, et les autres. On a tous été séparés, mais j'espère de tout mon coeur que tout va bien pour eux.

Je me lève, exécute quelques pas avant de me plier en deux, saisi d'un accès aussi soudain et féroce de...
Je ne me risquerais pas à décrire la mixture immonde de ce que je retrouve sur le sol. J'y retrouve même des cheveux. Bleus. Ceux de cette fille, Konata. Je me rappelle de ce sentiment de toute puissance que avais sur elle. Elle ne pouvait rien faire pour se protéger de moi et de mes actes avides de sa personne. C'était le pied. Ces cheveux sont la preuve que je suis allé trop loin. Je les au carrément mangés, dans je-ne-sais-quel délire sexuel pervers de ma part. Je ne me souviens même pas de l'avoir fait. J'y prennais tellement de plaisir, à la faire souffrir alors qu'elle ne le pouvait pas plus ?! Je crois que je suis en train de devenir complétement fou.
Je accroupis et tire les cheveux de Konata de cette mixture immonde. Longs et fins, je décide de les enrouler autour de l'auriculaire et de l'annuaire de ma main gauche. Pour assurer que ça tienne, j'y ajoute un peu de scotch qui traîne là. Le résultat fait penser à une bague moche, mais elle me protégera de tous mes actes maléfiques. Ses cheveux deviendront mon égide contre l'influence de cet endroit. Je suis surpris d'y être aussi perméable.

Je prends cependant un peu de temps pour reconnaître l'endroit que je viens d'intégrer. La salle est parfaitement identique, à l'exception de l'absence du cadavre à moitié dépoitraillé de Konata. Je n'ai donc fait que changer d'espace clos, je suis toujours à l'entrée de l'école.
C'est si incroyable que je pourrais étudier cet espèce de phénomène de téléportation pendant des jours si j'en avais été le maître. Dommage pour moi, je ne suis qu'un cobaye attendant patiemment d'être disséqué.

Je respire un grand coup avant de me motiver à mettre un pas devant l'autre. Je dois trouver des gens, n'importe qui. Seul, je suis démuni...

LA BAGUE DE CHEVEUX DONNE UN SENTIMENT DE CONFIANCE ET D'IMMUNITÉ À KEISUKE QUI PERD 10 POINTS DE DARKENING

L'obscurité se fait sentir, et le malaise autour du cadavre de Konata dégage une atmosphère étrange. Keisuke a le choix, il peut soit rester dans cette pièce pour examiner les casiers, soit repartir vers le couloir principal.

Un pied devant l'autre, ouais. Mais attendez... si j'ai changé d'espace clos... est-il possible le contenu des casiers ait changé ? Ça semblerait logique, puisque techniquement je ne suis plus au même endroit. On peut peut-être comparer ces espaces clos à des réalités intercalées. Je crois. M'enfin là aussi, j'en sais foutrement rien. Et je m'en fous sûrement. Ou... oh, je me comprends. Le principal.

Je pose une main sur l'un des casiers quand une odeur me chatouille les narines. Une odeur immonde. Du bacon, et de l'oeuf. J'en aurais sûrement l'eau à la bouche si je ne savais pas pour un fait qu'à ces odeurs de rêve s'associe une troisième odeur reconnaissable. Celle de mon propre vomi dont les cheveux de cette pauvre fille ont été innondés. Et je m'en suis fait une bague ? Avec du scotch ?
Je réalise ma folie à ma propre stupeur. Je m'en débarasse aussitôt, sans me demander s'il n'y a pas plus de cheveux bleus qui traînent n'importe ou sur moi. Ou dans moi ?! Je pense en manquant de m'étrangler. Qu'est-ce que je deviens, bon sang ?!

Chikamasa... t'es ou, bon sang ?!

Pleine crise de panique, ça va aller. J'ai l'impression que ma tête va se fendre en deux. Ça va aller. Je viens de commettre un acte trop atroce pour le nommer. Ça va aller. Sur une morte. Je vais aller...
Je la regarde dans le coin. Et je me surprends à lorgner sur sa vision de cadavre démuni. Avec un goût pareil, elle devait bien avoir un p'tit nom, pas vrai... ?
Un goût. Je réalise jusqu'à quel point je peux avoir faim. Je lâche un rire pour me donner du courage. Pour ne pas céder.

... sans savoir que ce rire ressemble plus à celui d'un fou furieux en puissance qu'à celui d'un lycéen effrayé...

Je m'embarque dans un rire à s'en fendre la gorge. Je n'arrive même plus à m'arrêter. J'ai compris ! C'est une immense caméra cachée ! A moins... que... ?

Une épausse brume autour de moi me rappelle à la réalité. Bleue, la brume. Bizarre. Je me sens horriblement mal à l'aise. Je porte une main à ma gorge, j'ai un peu de mal à respirer. En parlant de ça... une odeur vient me chatouiller les narines. Bacon. Oeuf. Un fumet si délicat, si différent de ce que je viens de sentir que...

Je réalise à quel point je peux avoir faim. Et à quel point cette odeur suffit à me mettre l'eau à la bouche. Mon regard balaie la salle en quelques mouvements. Et je réalise rapidement que je ne rêve pas. Au contraire ! Mais c'est merveilleux ! Cette assiette... elle ressemble oeuf pour oeuf, bacon pour bacon à ce que j'aurais pu commander au restau du coin si je n'étais pas dans cette mélasse !

Dégage d'ici... rien n'est vrai... essaie de me murmurer une petite voix dans ma tête. Mon fort intérieur ? Un Daïmon venu d'on ne sait ou ? Ma propre stupidité sans doute ? Peu importe. Je n'ai d'yeux que pour ce que je vois en ce moment même, et rien ne saurait arracher mon attention de cette assiette de rêve. Je pousse un rire dément alors que je me jette presque dessus. Pas besoin de couteau ! Ni même de fourchette ! Mes dents suffisent à manger ce que je pense être le plus bon plat auquel je n'ai jamais goûté dans toute ma vie, et j'en profite.

... je ne réalise pas une seconde l'ampleur de mes actes. Ni même le danger qui m'entoure. Je mange. Et j'aime ça.

Je pousse un grognement de douleur en puissance quand cette force invisible me précipite contre le mur, et m'écrase contre comme une vulgaire mouche. Je tombe au sol, sur mes pattes, mais le souffle coupé. Le bacon et les oeufs ont failli ressortir.

Et après... il y avait cette fille, là... Je suis supposé l'attraper ? J'ai pas le temps pour ces bêtises ! Je dois finir mon plat ! Et... et mon plat, quand on en parle ? Il a disparu comme il est apparu. J'ai l'impression que quelque chose de brise, là haut. Dans le siège de ma Raison. Je ne comprendd officiellement plus rien. Mais qu'importe, puisque je suis supposé attraper en jouant à chat le cadavre de la jeune fille qui m'a procuré un tel amusement encore plus tôt ?! Sous peine de me faire tuer ?!

Tous les horribles souvenirs et toutes les horribles images tourbillonnent dangereusement dans mon cerveau, et Dieu sait que j'aimerais les vomir, les extirper de moi comme j'ai relâché mon petit déjeuner à l'instant ! Je revois mes amis, ces fantômes de malheur, l'horrible scène de jeu avec elle. Comment sa peau était douce au toucher...

J'ai l'impression que ma tête ne demande qu'à exploser, et j'hurle ma douleur tout à mon saoul. Mes deux mains se referment sur mon crâne. Pour le protéger ? Ou dans une vaine tentative de mieux le fendre ? Ou j'en sais rien ?! Je suis épuisé de ces histoires. Et las, vaincu par ma folie grandissante, je me prépite contre les casiers droit devant moi. Je veux juste me faire mal. Peut-être que je deviendrai plus net de cette manière... ?